Nina Rieben

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Routine dreams
2024
Plastique, peinture acrylique, table
75 x 75 x 75 cm


Description de l'oeuvre

L'environnement évoque une routine habitée, mais par le biais d'une série de gestes précis, Nina Rieben crée une atmosphère stérile et immobile qui contraste volontairement avec l'atmosphère brute et chaotique de l’espace. L'installation évoque l'atmosphère d'un de ces studios loués sur Airbnb, où tout le monde peut passer quelques nuits, mais où personne ne semble capable de réellement vivre. Rieben utilise des motifs romantiques classiques tels que les fenêtres, les lunes et les mots d'amour, qu'elle réinvente et subvertit afin de mettre en lumière leur nature artificielle. Elle opère cette démarche en extrayant les émotions, au profit d'une esthétique épurée et froide, comme en témoignent la superficialité de l'écran et la lumière blanche du néon, et révèle ainsi une essence dépouillée de toute sentimentalité. Le motif de lune présent dans l’exposition est en réalité la capture d’un reflet sur une surface de marbre. Nina Rieben collectionne ces images de simili-lune et pour cette série, elle utilise l’écran afin de montrer ses images : la lune est en réalité une projection lumineuse, ici émise par un écran. Rieben évoque un rituel psychomagique matinal : fixer des intentions pour la journée dans le beurre et ensuite les manger, des intentions portées à quelqu’un qu’on aime. Ce rituel se fonde sur des rêves pragmatiques, des Routines dreams, qui ne font certes pas rêver mais que l’on se souhaite pour la journée. Rieben semble exclure l'humain au point d’exclure également le spectateur. L'espace est inanimé et déroutant, échappant à toute compréhension. Même les symboles gravés dans le beurre, qui semblent évoquer un alphabet, restent énigmatiques. En effet, les mots sont scrutés. Rieben ne leur accorde guère de confiance, d'où leur rareté et leur caractère souvent poétique, cryptique ou caché. La dimension physique semble évacuée : le spectateur habite ce lieu pour un temps et semble le quitter sans laisser de traces… ou presque.

Texte : Laurine Landry, curatrice Espace Libre Biel/Bienne


Biographie de l'artiste

Nina Rieben vit et travaille entre Bâle, CH, et Berne, CH. Elle est titulaire d'un BA en arts visuels de l'Université des Arts de Berne et d'un MA en arts visuels de l'Institut Art Gender Nature (FHNW) de Bâle.
Expositions (sélection) : Swiss Art Awards, Bâle, CH, 2024, Summer Group Show, 18murata, Tokyo, JP, 2024; Instant Rumor, Ausstellungsraum Klingental, Bâle, CH, 2024; Im Faceicht der Dämmerung, Kunsthalle Palazzo, Liestal CH, 2023; 12 Rooms-Vordemberge-Gildewart-Stipendium, Kunstmuseum Appenzell, CH, 2023; Parallels, CAN, Neuchâtel, CH, 2022; Lokal-int (Solo), Bienne, CH, 2022; neither the either, nor the or, are places to be (Duo avec Brigham Baker), Palazzina, Bâle, CH, 2020; or stimmt etwas nicht mit dem Gefühl (Solo), Stadtgalerie, Bern CH, 2019; Der Morgen das Versagen der Nacht (Solo), Grand Palais, Bern, CH, 2018; Stimmen der Zimmer, Museum Langmatt, Baden, CH, 2018. Elle a reçu la bourse Aeschlimann-Corti en 2019.


Statement

a thought on a paper
rolled to a cigarette
an incoming call
on a smartphone in flight mode
a lovesong shazamed
In the supermarket
a poem, a doubt
written with a finger on a wrist

Des fragments d'émotions et d'histoires constituent les points de départ artistiques de son travail. Ses œuvres sont des récits anecdotiques d'états d'âme. Elles tournent autour de sentiments personnels, quotidiens et romantiques dans le contexte des modes de pensée occidentaux et des réalités capitalistes.
Les photographies rencontrent des fragments de textes poétiques, les surfaces monochromes rencontrent la figuration, le petit côtoie le grand et le jour côtoie la nuit.
Les objets du quotidien, tels que les téléphones portables et les vêtements, apparaissent comme des fragments de narration, comme des traces indiquant des actions passées ou futures.
Dans son travail, Rieben s'intéresse à un état ambivalent qui réunit l'affirmation et le doute, la sensualité et l'ironie, et qui oscille entre le pathos et le vide. L'artiste décrit cet état comme un « romantisme de l'incertitude ».

Nina Rieben
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