Anja Ripoll

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Svyelunite
2025
Céramique
4 modules empilables, grès noir, émaillé, roche volcanique, verre, 45 x 130 cm


Description de l'oeuvre

Ce château fantasmagorique matérialise une hiérarchie sociale fictive où ses tours élancées et somptueuses incarnent les castes les plus privilégiées, un sommet de pouvoir et de richesse, tandis que ses fondations labyrinthiques, sombres et grouillantes, évoquent les profondeurs oppressantes des cités-ruches, où les classes ouvrières s’entassent, privées de lumière. Habité par des harpies, figures ambivalentes de contrôle et de chaos, ce château devient le théâtre d’un monde fracturé, où la verticalité architecturale traduit les écarts sociaux. Ces créatures, accrochées aux parois, semblent observer et maintenir cette tension fragile, entre faste éclatant et misère enfouie. À la fois golem pétrifié et vestige organique, ce réceptacle explore les contrastes entre l’ancien et le spéculatif, le tangible et le spectral. Les textures biomorphiques, les formes chimériques et les mains surgissant des profondeurs traduisent une mémoire façonnée par des dynamiques de domination et de résistance. Ce château, abri et labyrinthe à la fois, interroge le beau et le grotesque, l’ordre et le chaos, et reflète une humanité en perpétuelle quête d’équilibre dans la fracture.


Biographie de l'artiste

Formée en céramique au CFPArts de Genève, CH, Anja Ripoll a présenté ses oeuvres dans divers lieux en Suisse, tels que la Fonderie Kugler, Art au centre, à Duplex, ainsi qu’au Centre d’art contemporain, dans le cadre d’une collaboration avec la marque de mode Agapornis.
En 2022, Anja a obtenu une bourse de résidence à la fondation Bruckner, et la même année, elle a passé deux mois en résidence dans l’atelier de l’artiste Irina Razumovskaya à Londres, UK. Plus récemment, elle a remporté le Young European Ceramic Compétition, ce qui lui a permis d’exposer à Saint-Quentin-La-Poterie en France. Elle a également remporté le concours international de céramique, lui offrant l’opportunité d’exposer au Musée de Carouge à Genève. Ses œuvres sont également présentées à l’échelle internationale notamment à la Candy snake Gallery à Milan, IT, à Metamorphika à Londres, UK et à Gr_und à Berlin, DE.


Anja vit et travaille à Genève.


Statement

Céramiste de formation, Anja Ripoll réinvente constamment son approche dudit médium et de la terre par souci culturel, par curiosité et avant tout comme un outil pratique.
Voyons le corpus d’œuvres et de mandats pour comprendre de quel travail et de quelle problématique il s’agit ici de parler. Ce sont des créatures fantastiques, golems-totems, fusions de formes antiques, contemporaines et « aliens », vestiges érigés en coupe, vase, réceptacle.
Un soleil parasité, un cerbère, un château. En tant que jeune artiste contemporaine genevoise, à la croisée de l’Europe et du monde capitaliste, sa sensibilité nostalgique et la spéculation formelle qui en découle vont de soi.

Il s’agit d’exprimer et faire sens singulier, digérer l’idée d’anthropocène telle qu’elle nous apparaît de plus en plus, uncanned, ingurgitée, vomie et redirigée, uncanny, étrange. Comme l’idée de beau et de mort, l’infini vide et l’objet façonné sont ici tout en tension fascinée. Une ère en soi et en cela un paradigme échappant à notre sens commun, culturel et linéaire, fil rouge de l’Histoire.

À l’heure où le monde matériel se voudrait exponentiel régi par le Léviathan appelée croissance, enchaîné par des géants qui s’effacent, opaques dans leur immensité institutionnelle, olympique; que fera-t-on des porcelaines quand on aura enfin rencontré l’éléphant dans la pièce ? Quelle apparence et quelle vie donner aux chimères, aux titans et autres habitants du musée en cas d’urgence ?

Anja Ripoll
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